Le Centre Pompidou consacre une rétrospective à Suzanne Valadon jusqu'au 26 mai 2025 : l'occasion de célébrer une artiste représentant un jalon important de la peinture moderne, nourrie par les leçons du Réalisme, du Fauvisme et de l'Expressionnisme.
Suzanne Valadon nait à Montmartre en 1865 dans une famille subsistant de petits métiers : sa mère est lingère, tandis qu'elle-même se produit en tant qu'acrobate de cirque. A 18 ans elle est mère d'un petit garçon : le futur Maurice Utrillo à qui elle transmet le goût de la peinture. D’abord, Suzanne Valadon pose : pour Puvis de Chavannes, Auguste Renoir et Henri de Toulouse-Lautrec. Très vite elle s’ennuie du rôle de muse : le modèle veut peindre, lui aussi.
Avant le succès de son œuvre qui arrivera seulement après la Première Guerre Mondiale, Suzanne Valadon n'a pas d'atelier, peint chez elle entourée de sa famille et dessine sur des coins de table. Dans un monde où les pinceaux sont tenus par des mains d’hommes, Suzanne Valadon s’impose, d’instinct et par l'acuité de son observation, sans académisme.
« La nature a une emprise totale sur moi – les arbres, le ciel, l’eau et les êtres, me charment passionnément, profondément. Ce sont les formes, les couleurs, les mouvements qui m’ont fait peindre, pour essayer, avec amour et ferveur, de rendre ce que j’aime tant. Dans ce que j’ai peint, pas une touche, pas un trait, qui ne soit appuyé sur la nature. » Suzanne Valadon
Ses portraits sont marqués par des traits francs, cherchant bien plus la vérité des caractères que la séduction des formes. Peintre de la modernité, Suzanne Valadon renverse radicalement la dynamique traditionnelle du regard masculin sur la femme : ses modèles, loin d’être de simples objets de désir, apparaissent en tant que sujets actifs et incarnés.
Son apport à l'histoire de la peinture réside également dans ses natures mortes : son coup de pinceau mobilise une touche énergique et géométrisée, en souvenir de Paul Cézanne dont elle étudie les compositions. L'artiste hérite d'autre part des couleurs chatoyantes des Fauves qui triomphent sur les cimaises du Salon de 1905, pour les appliquer à son exigence personnelle de force expressive. Le premier à acheter un dessin de Suzanne Valadon est son ami Edgar Degas. Sa collection personnelle passe alors pour une des plus pointue et représentative de l'art de ses contemporains : une reconnaissance dont peu d'artistes femmes bénéficiaient à cette époque.
Enfant du quartier Montmartre, de ses vignes et de ses cafés qu'elle fréquente librement, elle est témoin d'une vie authentique : son dessin fouille les âmes, les objets qu'elle dépeint transmettent une certaine joie de vivre, les couleurs demeurent éclatantes. L'une des œuvres emblématiques de Suzanne Valadon, La Chambre bleue, est une représentation puissante de la femme moderne : indépendante, libre, en pyjama, fumant et lisant. Elle s'éloigne des canons de beauté de son époque et peint des traits sévères, défiants, sans souci de plaire.
Son approche du nu est tout aussi radicale : loin des idéalisations masculines, elle peint des corps sculpturaux, marqués par la vie, rendant à ses modèles leur propre individualité. Peindre des nus masculins sur grand format était alors réservé aux hommes car se posait, pour une femme avec des moyens restreints la difficulté d'avoir accès à des séances de pose avec des modèles - qu'il fallait recruter et rétribuer. Suzanne Valadon lève cet interdit en peignant Le Lancement du filet, dans lequel on peut reconnaitre l'influence de Puvis de Chavane avec ces nus monumentaux, et la symbolique des pêcheurs. A plusieurs reprises, Suzanne Valadon dissémine des références bibliques dans ses œuvres, n'oubliant pas d'y apporter son regard moderne et son interprétation autobiographique : pour son tableau Adam et Ève, elle utilise son propre corps et celui de son mari Utter.
« J’ai dessiné follement pour que quand je n’aurais plus d’yeux j’en aie au bout des doigts. » Suzanne Valadon
Le Centre Pompidou consacre une rétrospective à Suzanne Valadon jusqu'au 26 mai 2025 : l'occasion de célébrer une artiste représentant un jalon important de la peinture moderne, nourrie par les leçons du Réalisme, du Fauvisme et de l'Expressionnisme.
Suzanne Valadon nait à Montmartre en 1865 dans une famille subsistant de petits métiers : sa mère est lingère, tandis qu'elle-même se produit en tant qu'acrobate de cirque. A 18 ans elle est mère d'un petit garçon : le futur Maurice Utrillo à qui elle transmet le goût de la peinture. D’abord, Suzanne Valadon pose : pour Puvis de Chavannes, Auguste Renoir et Henri de Toulouse-Lautrec. Très vite elle s’ennuie du rôle de muse : le modèle veut peindre, lui aussi.
Avant le succès de son œuvre qui arrivera seulement après la Première Guerre Mondiale, Suzanne Valadon n'a pas d'atelier, peint chez elle entourée de sa famille et dessine sur des coins de table. Dans un monde où les pinceaux sont tenus par des mains d’hommes, Suzanne Valadon s’impose, d’instinct et par l'acuité de son observation, sans académisme.
« La nature a une emprise totale sur moi – les arbres, le ciel, l’eau et les êtres, me charment passionnément, profondément. Ce sont les formes, les couleurs, les mouvements qui m’ont fait peindre, pour essayer, avec amour et ferveur, de rendre ce que j’aime tant. Dans ce que j’ai peint, pas une touche, pas un trait, qui ne soit appuyé sur la nature. » Suzanne Valadon
Ses portraits sont marqués par des traits francs, cherchant bien plus la vérité des caractères que la séduction des formes. Peintre de la modernité, Suzanne Valadon renverse radicalement la dynamique traditionnelle du regard masculin sur la femme : ses modèles, loin d’être de simples objets de désir, apparaissent en tant que sujets actifs et incarnés.
Son apport à l'histoire de la peinture réside également dans ses natures mortes : son coup de pinceau mobilise une touche énergique et géométrisée, en souvenir de Paul Cézanne dont elle étudie les compositions. L'artiste hérite d'autre part des couleurs chatoyantes des Fauves qui triomphent sur les cimaises du Salon de 1905, pour les appliquer à son exigence personnelle de force expressive. Le premier à acheter un dessin de Suzanne Valadon est son ami Edgar Degas. Sa collection personnelle passe alors pour une des plus pointue et représentative de l'art de ses contemporains : une reconnaissance dont peu d'artistes femmes bénéficiaient à cette époque.
Enfant du quartier Montmartre, de ses vignes et de ses cafés qu'elle fréquente librement, elle est témoin d'une vie authentique : son dessin fouille les âmes, les objets qu'elle dépeint transmettent une certaine joie de vivre, les couleurs demeurent éclatantes. L'une des œuvres emblématiques de Suzanne Valadon, La Chambre bleue, est une représentation puissante de la femme moderne : indépendante, libre, en pyjama, fumant et lisant. Elle s'éloigne des canons de beauté de son époque et peint des traits sévères, défiants, sans souci de plaire.
Son approche du nu est tout aussi radicale : loin des idéalisations masculines, elle peint des corps sculpturaux, marqués par la vie, rendant à ses modèles leur propre individualité. Peindre des nus masculins sur grand format était alors réservé aux hommes car se posait, pour une femme avec des moyens restreints la difficulté d'avoir accès à des séances de pose avec des modèles - qu'il fallait recruter et rétribuer. Suzanne Valadon lève cet interdit en peignant Le Lancement du filet, dans lequel on peut reconnaitre l'influence de Puvis de Chavane avec ces nus monumentaux, et la symbolique des pêcheurs. A plusieurs reprises, Suzanne Valadon dissémine des références bibliques dans ses œuvres, n'oubliant pas d'y apporter son regard moderne et son interprétation autobiographique : pour son tableau Adam et Ève, elle utilise son propre corps et celui de son mari Utter.
« J’ai dessiné follement pour que quand je n’aurais plus d’yeux j’en aie au bout des doigts. » Suzanne Valadon